L’église de Rosoy en Multien
Notre église est dédiée à l ‘archevêque Saint Thomas Becket de Canterbury.
Selon la tradition, la dédicace trouve son origine lors du passage de Saint Thomas Becket dans le village. Il en aurait posé la première pierre en 1165. Mais on n’en trouve aucune trace dans les textes anciens.
Selon l’association AQUILON, qui a réalisé pour le compte de la commune, une synthèse historique, archéologique et monumentale du village,la date de 1165 ne signifie pas qu’un édifice n’existait pas auparavant, ni même que l’église actuelle n’était pas déjà en cours de construction.
Toujours selon Aquilon, l’église semble avoir été édifiée au cours du second tiers du 12ème siècle, puis une première grande campagne de travaux à la fin du 12ème siècle ou début 13ème a grandement modifié la structure de l’église. Enfin, une nouvelle campagne à la fin du 15ème siècle ou début 16ème a donné l’église que l’on connaît aujourd’hui.
Au 12ème siècle, l’église n’aurait été composée que d’une nef unique et d’un clocher à 3 niveaux. La construction des bas côtés nord et sud de la nef et l’agrandissement du clocher ayant eu lieu lors de la seconde phase.
(N’étant pas architecte, je ne saurais vous expliquer les arguments utilisés par Aquilon pour justifier son hypothèse, mais pour ceux que cela intéresse, ils peuvent se procurer l’étude réalisée par Aquilon auprès de la mairie)
Des questions demeurent. Ainsi de l’accès ancien au clocher : actuellement, pour s’y rendre, un escalier a été ouvert dans les voûtes du 12ème siècle, mutilant une branche d’ogive. Ce qui conforte l’idée d’un accès ne se trouvant pas à cet emplacement autrefois. L’une des hypothèses les plus probables est la présence d’une tour d’escalier extérieure.
Les baies posent aussi question. Celles du clocher ont été bouchées, il est possible que ce soit pour des raisons d’entretien ; en effet les intempéries occasionnent des infiltrations d’eau dans le clocher et endommagent les maçonneries. Quant à celles du choeur, on remarque à l’extérieur que les percements ont été raccourcis au niveau de l’assise, mais on en ignore la raison.
Au nord, une porte condamnée et bouchée interroge sur son utilisation.
(Je propose un rapide tour d’horizon à l’extérieur pour noter les faits marquants)
La façade occidentale: Elle se compose du mur -pignon de la nef, sur lequel les bas-côtés viennent s’accoler. Le pan central est contrebuté par 2 imposants contreforts. La partie inférieure est ouverte d’une large porte piétonne ornementée d’un décor flamboyant. Elle est décorée de feuilles et intègre un blason surmonté d’une couronne à fleurs de lys.
Le côté Sud: On remarque que les hauteurs des 6 baies varient sensiblement, cela étant dû aux différences de niveau des sols intérieurs entre ces espaces.
Le chevet: Chaque pan comporte une baie, une baie centrale similaire à celle de la façade, et 2 baies latérales, l’une étant plus haute que l’autre.
Le côté Nord: Le bas-côté comporte 7 fenêtres dont 3 plus importantes que les autres. Les contreforts sont présents régulièrement entre chaque baie.
Le clocher: Il est pourvu de 4 niveaux. Les 3 premiers comportent des baies de différentes proportions, le dernier étage a une baie à double lancette.
(Passons maintenant à l’intérieur)
Nef , avant-choeur, choeur et abside
La nef alterne piles fortes : ce sont les colonnes imposantes sur lesquelles repose la voûte, et des piles faibles composées d’un regroupement de petites colonnes à chapiteaux.
4 baies aveugles sont visibles dans la nef, elles correspondent aux anciennes ouvertures éclairant la nef avant la création des bas-côtés.
La première travée de nef comporte une clef de voûte circulaire avec un visage bien détaillé ; les sourcils, la barbe sont marqués par des traits fins. Ce visage est entouré de 2 cercles à motifs torsadés.
Le choeur est composé de 2 travées et d’une abside, plus haute d’une marche.
La voûte de la première travée du choeur est ornée d’une clef de voûte en forme d’étoile dans laquelle s’insère une forme circulaire comptant elle-même un trèfle.
La voûte de la 2ème travée du choeur possède une clef de voûte creuse à motif floral.
Noter le magnifique dallage noir et blanc figurant un soleil.
Le bas-côté nord se compose de 7 travées, la première contient l’escalier menant au clocher.
Les fenêtres du clocher et du bas-côté du choeur possèdent un appui taillé en escalier, motif typique de l’art roman. Au même endroit, on distingue des arcades aveugles ainsi qu’une porte bouchée. Celle-ci est le plus souvent un accès privé dédié soit au seigneur, soit aux morts.
On notera la différence de largeur entre les travées du bas-côté de la nef et celles du bas-côté du choeur, ceci s’expliquant par une adaptation de l’architecture suite à de nombreux remaniements. On peut penser que le choeur d’origine était plus petit et qu’il a été agrandi par la suite.
Les voûtes sont ornées de clefs de voûte au décor floral simple.
Dans la 1ère travée ( où se situe l’accès aux combles) se trouve une croisée d’ogives amputée lors de la création de l’accès à l’étage supérieur.
Au niveau du clocher, les culs de lampe représentent des masques grimaçants d’êtres hybrides (grands yeux exorbités, grandes dents similaires à des crocs, langues pendues ou encore cornes)
Par contre, la 6ème travée compte des culs de lampe sculptés de visages nobles ( une femme couronnée au long cou, un homme barbu à barbe bifide, un homme imberbe portant un couvre-chef triangulaire semblable à la mitre d’un évêque, une femme au visage rond et aux cheveux tirés).
Le bas-côté sud:
Les 4 premières travées sont ornées, les 3 dernières sont dépourvues de décor.
La première travée présente des culs de lampe en mauvais état où l’on devine des petits personnages.
La 2ème travée comporte des culs de lampe de 2 styles distincts: ceux sculptés d’animaux hybrides et ceux intégralement constitués de feuilles de chêne.
Les clefs de voûte ne sont pas sculptées, sauf celle de la dernière travée qui représente un petit monstre accroché.
Le mobilier:
L’église compte de très belles dalles funéraires, en pierre blanche, qui ont été martelées, probablement lors de la Révolution. Elles sont toutes orientées vers l’Est. L’une d’elle se démarque par son emplacement : celle de Louis Gibert, seigneur de Rosoy, située sur la marche d’entrée du portail.
Les plaques commémoratives accrochées aux murs sont en marbre noir. On pense qu’elles relatent les écritures qui figuraient sur les dalles funéraires.
La cuve baptismale nommée cuve baptismale à infusion comporte 2 compartiments, l’un permet de garder l’eau à l’abri, l’autre est utilisée pour les baptêmes. On notera sur le pourtour en pierre de cette cuve, un graffiti : le monogramme IHS surmonté d’une croix, qui, dans la religion chrétienne, fait référence à Jésus.
Peintures murales ; Il ne reste malheureusement que quelques traces de polychromie (sur l’un des chapiteaux du bas-côté nord du choeur ou encore au niveau des arcades aveugles du bas-côté nord).